LA PLAGE « BONAPARTE »
Il s’agit d’une toute petite plage dans les Côtes d’Armor qui se distingue par son passé glorieux mais qui, pour le profane, reste un lieu totalement inconnu et jusqu‘à cette fin de juillet 2014 elle l’était aussi pour moi.
C’est donc à l’occasion d’un séjour dans la région de St Brieux (22) qu’elle s’est présentée à moi par hasard lors d’une discussion avec un autochtone féru d’histoire et très amoureux de celle de son département.
Située au nord de la commune de Plouha en direction de Lanloup et Paimpol sur la D786 et indiquée par un petit panneau sur la droite de la route, ce haut lieu de la Résistance se niche, bien cachée, au creux des falaises (les plus hautes de Bretagne) et l’on y accède en franchissant un tunnel creusé dans celles-ci.
C’est sur cette minuscule plage appelée auparavant « l’Anse Cochat » que, pendant la seconde guerre mondiale, que s’organisa l’exfiltration de nombreux aviateurs alliés vers l’Angleterre.
Le Réseau d’évasion « Shelburn* :
Il fut mis en place en novembre 1943 sous l’égide du S.O.E (Special Operation Executive) britannique par deux Franco-canadiens, Lucien Dumais dit « Léon » et Raymond Labrosse (son radio)dit « Paul » ou « Claude » qui l’organisèrent et le dirigèrent dans le but de récupérer les personnels des avions abattus sur le territoire français afin de pouvoir les rapatrier par la mer vers la Grande-Bretagne, conscients de l’importance de ces personnels de l’USAAF (USA), de la RAF (Royaume-Uni) et de la RCAF (Canada) au vu du coût dispendieux et de la durée de leur formation pour l’Etat Major britannique.
Après avoir été récupérés en différents points du territoire, pris en charge par des passeurs clandestins (convoyeurs)depuis la gare Montparnasse de Paris et acheminés en train vers les gares les plus proches (St Brieuc, Guingamp ou Châtelaudren), ils étaient ensuite cachés chez l’habitant sympathisant souvent résistants locaux(logeurs ou hébergeurs)en toute discrétion, munis de faux papiers comportant des noms à consonance bretonne, jusqu’à leur regroupement dans la maison dite « La maison d’Alphonse » de M. Jean Gicquel, située à 2 km de l’Anse Cochat, en vue d’un embarquement sur la plage au nom de code « Bonaparte ».
Afin de connaitre le jour de l’évacuation, la B.B.C adressait le message suivant : « Bonjour à tous dans la maison d’Alphonse ».
C’est donc sur cette plage que, durant la nuit (sans lune) et à marée basse, le papa de Jane Birkin (entre autres), commandant dans la Royal Navy appartenant à la 15eme flottille, venait recueillir les aviateurs rescapés qui rejoignaient les navires armés MGB (Motor Gun Boat), au moyen de canots en caoutchouc manœuvrés à la rame (elles étaient, comme pour toutes opérations « commandos » recouvertes de chiffons pour atténuer le bruit), qui mouillaient au large tous feux éteints derrière la « tourelle du taureau » pour échapper aux radars ennemis. Le retour à travers la Manche se faisait en moins de quatre heures (180 km environ) grâce à la puissance des puissants et silencieux moteurs à la vitesse moyenne de 35 nœuds jusqu’au Port de Dartmouth. Il s’agissait régulièrement de la MGB 503. Il est à noter que les Allemands possédaient un blockhaus de surveillance sur les hauteurs de l’Anse Cochat, ainsi qu’un puissant canon d’une batterie côtière à la Pointe de la Tour ainsi que de l’artillerie diverse à Pors-Moguer mettant la plage à porter directe de tir.
La première exfiltration eut lieu le 28 janvier 1944 pour 18 aviateurs et les opérations durèrent jusqu’au 23 juillet 1944. Au total 142 évadés dont quatre agents secrets furent exfiltrés vers l’Angleterre au départ de cette plage grâce à la parfaite organisation du réseau Shelburn, à la parfaite connaissance du terrain et des falaises que tout le monde descendait en glissant sur les fesses (le tunnel fut creusé bien plus tard pour un accès plus aisé à la plage). Pour le bon déroulement de l’opération, le responsable du réseau mettait tout le monde au courant des risques encourus en cas de non respect des règles de sécurité durant le parcours entre le gîte et la plage. Pour ne pas mettre en péril le réseau, tout le monde était briffé sérieusement et devait être pleinement conscient de l’extrême dangerosité du trajet qui devait se dérouler dans le plus grand silence qui traversait notamment un champ de mines.
La maison de M. Jean et Marie Gicquel éveilla les soupçons des Allemands qui n’obtinrent jamais la preuve de cette activité clandestine mais dans le doute ils la brûlèrent au lance-flamme. Il ne subsiste rien de la « Maison d’Alphonse » mais une plaque apposée à cet endroit en marque le souvenir. La famille qui avait réussi à fuir ne fut pas exécutée. Aucune perte non plus chez les évadés et les résistants Plouhatins car les huit opérations des 18 janvier, 27 février, 17, 23 & 29 mars, 12, 13 & 23 juillet 1944 furent des succès complets.
* Shelbrun : du nom d’un homme politique britannique du XVIIIe siècle, William Petty Fitzmaurice, second comte de Shelburn.
Le sentier du réseau Shelburn figure sur un panneau explicatif au bout du parking de la plage et fait l’objet d’un circuit historico-touristique. Il comporte plusieurs plaque et stèles. Le tunnel et ses abords comportent également plusieurs plaques. Un texte sur le réseau de résistance est également visible sur ce panneau. Celui-ci indique bien 8 évacuations mais 135 aviateurs et 7 agents.
Photos : Alain OCTAVIE
Sources : recherches personnelles et,
Mairie de Plouha, Association Forced Landing, tourismebretagne.com, patrimoine.région-bretagne.fr,
Nous vous conseillons un site particulièrement intéressant traitant de ce sujet :
www.desmoulin.net/sur-la-plage-bonaparte-avec-le-reseau-shelburn/
http://evasionaviateurs.free.fr/index.php
http://forcedlanding.pagesperso-orange.fr/Shelburn.htm
http://forcedlanding.pagesperso-orange.fr/Shelburn.htm
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lucien_Dumais
http://www.absa3945.com//Avions%20divers/Dossier%20evasions/shelburn.htm
SHELBURN, Réseau d’exfiltration Breton
Contactés sur notre site d’Infos par un visiteur, passionné d’histoire, et surtout par celle qui s’est déroulée sur son secteur des Côtes d’Armor et plus précisément sur la commune de Plouha (22580) à quelques kilomètres de Saint-Quay-Portrieux, où j’ai eu la chance de séjourner, de visiter et de récolter plusieurs informations historiques, nous avons reçu plusieurs courriers contenant dessins originaux de l’auteur, documents originaux et surtout une sympathique autorisation de publication qui nous permet avec le plus grand plaisir de présenter ce complément très intéressant à notre article ci-dessus.
Suivant notre doctrine à laquelle nous ne saurions déroger (nous citons généralement les sources qui nous permettent de vous présenter nos articles) nous publions les textes reçus sans changement par rapport à la réception de l’auteur (M. Claude Bénech, habitant de Plouha).
Courrier du 22 janvier 2022 :
Bonjour,
Vous trouverez, en pièces jointes, ce qui pourrait constituer un dossier sur l’histoire de ce réseau d’évasion en 43-44… à mettre sur votre site…si vous le jugez utile.
Passionné d’histoire, je travaille sur ce thème depuis plus de 40 ans et j’ai eu l’honneur de Connaître tous les protagonistes de cette belle aventure qui m’ont même donné leur journal de guerre et beaucoup d’archives matérielles. J’ai surtout eu la chance de rencontrer la fille du fondateur de ce réseau Madame Jeanne Andrée HUOT CAMPINCHI* qui m’a confié les archives de son père Paul François CAMPINCHI créateur et chef du réseau Shelburn pour la France. Je vous livre donc, pour le partage, un certain nombre de documents.
Je vous prie d’agréer l’expression de mes meilleurs sentiments.
Claude Bénech
* Auteure de la préface du livre «L’incroyable histoire du réseau Shelburn »
Je vous fais parvenir ces documents par la plateforme d’envoi des fichiers lourds.
Ordre d’ouverture de ces fichiers
01- Lettre LIBERTY
02 - Récit LIBERTY
03 - Doc LIBERTY
04 - Maison d’Alphonse
05 - MGB 503
06 - MGB 502
07 - CANON POM POM
08 - B17
09 - B24
10 - P47
11 - P51 Mustang
12 - SPITFIRE
13 - TYPHOON
14 - Première de couverture du livre «L’incroyable histoire du réseau Shelburn » (Editions Coop-Breizh)
15 - Plaque MAISON ALPHONSE
16 - Plaque Pierre HUET
17 - Plaque Job MAINGUY
18 - Plaque François LE CORNEC
19 - Plaque Marie-Thérèse Le CALVEZ
Je vous passe donc quelques fichiers qui pourraient élargir votre site sur le sujet « Shelburn »
«La maison d’Alphonse». Elle fut le lieu de rassemblement ultime des aviateurs avant leur exfiltration. Cette demeure appartenait à Marie et Jean GICQUEL membres du réseau.
J’ai réalisé cette aquarelle d’après une photographie confiée par la famille (Janine Gicquel). Les Allemands Eurent de gros doutes sur la destination de cette demeure et décidèrent de la détruire le 24 Juillet 1944 vers 15 heures. Heureusement, quelques jours plus tard, les Allemands quittaient Plouha dans la précipitation et n’eurent pas le temps d’enquêter. S’ils étaient restés, le réseau aurait probablement été démantelé.
La MGB 503 : C’est la corvette britannique qui effectua 5 rotations depuis la plage « Bonaparte » vers Darmouth. Le commandant de cette unité était le Lt Cdr Mike MARSHALL. (15 th MGB flotilla) Le premier lieutenant était Andrew SMITH.
Plus tard, au cours d’une opération en Norvège le 18 mai 1945 la MGB 503 sauta sur une mine. Tout l’équipage fut porté disparu.
Le B17 forteresse volante : Le plus connu des
bombardiers alliés. Vitesse max 480km/h-
autonomie 3200 km-
Plafond 10670m. Il emportait 3 tonnes de bombes sur les
missions longues (Bombardement
des sites stratégiques allemands) et 9 tonnes pour les
missions courtes. Avec 3 tonnes de bombes, l’appareil
volait à
340 km/h, les missions sur l’Allemagne pouvaient durer 8 à 10 heures !
Le B24 LIBERATOR : Bombardier lourd de L’USSAF. Robert Houston SWEATT fut le dernier survivant de cette époque tumultueuse. Il servait en qualité de mitrailleur de sabord droit. (Right waist gunner). Il faisait partie de l’équipage du B24 D 125 N° 4241013 du 389th Bomb Group (nom de l’appareil « TROUBLE ») lorsqu’il fut abattu par des FW 190. Recueilli par la résistance, il fut convoyé jusqu’à
Plouha. Robert.Houston SWEATT s’est envolé pour sa dernière mission en Janvier 2021, il vivait au Texas U.S.A.
Le journal de guerre personnel du sergent SWEATT est intégralement développé dans le livre « L’incroyable histoire du réseau Shelburn » (Coop-Breizh)
Toutes ces aquarelles figurent dans le recueil.
Beaucoup d’aviateurs, issus de ces appareils, ont été exfiltrés par le réseau SHELBURN à Plouha.
Je vous joins également la première de couverture du recueil « L’incroyable histoire du réseau Shelburn » aux éditions Coop-Breizh
Très cordialement
Claude Bénech
RÉSEAU FRANÇOIS SHELBURN
Istor digredus ar rouedad Shelburn, hent ar frankiz *
Lors des nombreuses missions de bombardement sur l’Allemagne, beaucoup d’appareils furent abattus
par la chasse ou la FLAK. Les bombardiers B17, B24, LANCASTER, HALIFAX, WELLINGTON …
et quelques chasseurs payèrent un lourd tribut. Les aviateurs qui avaient la chance d’être en vie après le
crash de leur appareil étaient recueillis par la résistance. Convoyés vers l’Espagne, ils mettaient un an et
plus pour rejoindre l’Angleterre, épuisés et sans énergie. Dès 1940, Paul François CAMPINCHI,
fonctionnaire à la préfecture de police à Paris fut très impliqué dans cette mission. En novembre 1942, il
eut l’idée de raccourcir les délais en testant une évacuation par voie maritime. L’essai fut une réussite.
Avec l’appui des services secrets britanniques (S.O.E), P.F. CAMPINCHI créa donc une nouvelle voie
d’exfiltration le 1er mars 1943.Il fut donc le créateur et le chef pour la France de ce qui allait devenir, plus
tard, le réseau SHELBURN. Deux agents secrets canadiens, Lucien DUMAIS et Raymond LABROSSE
furent chargés par le M.I.9 (branche du S.O.E) et CAMPINCHI d’organiser, sur le terrain, la mise en œuvre
du plan… Tirant les enseignements de l’échec de la mission « OAKTREE » à St Quay- Portrieux quelques
temps auparavant, CAMPINCHI met en place une solide structure ou le cloisonnement et la sécurité
prévalent.
Le réseau est opérationnel le 19 novembre 1943.
(Il fut baptisé « Réseau Shelburn » après la guerre. Pendant le conflit, on faisait, avant tout, de la résistance et en l’occurrence ici de l’évasion d’aviateurs).
Le docteur André Le BALC’H, médecin à Plouézec fut chargé, par CAMPINCHI de trouver
Un chef pour la zone nord. Ce fut Henri Le BLAIS, responsable à l’office des céréales. Le Blais nomma François Le CORNEC, responsable de la résistance à Plouha, comme Chef de plage.
Pierre HUET, pilote d’aéronavale démobilisé, habitait le village de Kéruzeau. Il proposa à François Le Cornec la plage dite « sous Kéruzeau » pour mener à bien ces opérations. Le site de l’Anse Cochat fut donc validé
par les britanniques. Les opérations prévues sur ce lieu , prirent le nom de code de plan « Bonaparte ». La plage garda ce nom après-guerre.
Joseph MAINGUY (alias Job), capitaine de la marine marchande et Pierre HUET alias Tarzan, étaient des éléments clés du réseau : ils relayaient les ordres, convoyaient les aviateurs et étaient chargés de baliser les mines implantées sur la côte, pour permettre aux fugitifs de se faufiler à travers ces pièges mortels. Sept familles plouhatines hébergeaient les aviateurs lorsqu’ils arrivaient de St Brieuc dans un premier temps, puis de Guingamp ensuite. Ces hébergeurs étaient souvent parents : beaux-frères, cousins …. Ils étaient choisis pour leur extrême discrétion et leur patriotisme. Ces familles n’avaient pas d’enfants en bas âge. La BBC émettait quotidiennement quelques « messages personnels ».
Le message « Le bonjour à tous à la maison d’Alphonse » indiquait l’imminence d’une exfiltration. Elle était alors prévue entre 0 heure et 2 heures le matin, par nuit sans lune.
Les « colis » ¹ quittaient alors la maison des hébergeurs et convergeaient vers la « maison d’Alphonse » propriété de Marie et Jean GICQUEL. Après un briefing énergique de DUMAIS, les « colis » se dirigeaient, en file indienne et dans un silence absolu, jusqu’à la falaise… après avoir passé l’obstacle des mines ! . Avant le départ de la maison d’Alphonse, Dumais leur disait « Ce dernier kilomètre sera le kilomètre le plus long de votre vie, vous vous en souviendrez très longtemps ».
Une corvette de la Royal-Navy (MGB 503) attendait au mouillage à 900m d’un bunker allemand. Job MAINGUY était chargé d’émettre le signal qui validait l’opération. Avec sa lampe torche, minutieusement enroulée dans un carton, il indiquait en morse la lettre « B » (B comme Bonaparte). Un ou deux surf-boats (baleinière) étaient mis à l’eau et, silencieusement, progressaient vers la plage Bonaparte pour récupérer les équipages. Pendant ces deux kilomètres d’avirons, Marie Thérèse le CALVEZ indiquait l’axe d’approche des chaloupes avec une lumière bleue. Puis, après 4 heures de mer, évitant les convois allemands, les « colis » arrivaient à Dartmouth…enfin.
Le dernier témoin exfiltré de cette époque tumultueuse vient de nous quitter en janvier 2021 à l’âge de 99 ans. Il était mitrailleur de sabord sur B24 LIBERATOR (right waist gunner), il s’appelait Robert Houston SWEATT (Texas USA).
Huit opérations eurent lieu, 135 aviateurs et 15 agents alliés furent sauvés par le courage de la résistance locale. La première opération (Bonaparte I) se déroula dans la nuit du 28 au 29 janvier 1944. La MGB 503 assura cette première (19 exfiltrés dont 16 aviateurs).
La 8ème et dernière le 8 août 1944 – 3 exfiltrés : Mathurin BRANCHOUX, chef de l’armée secrète pour les
Côtes du nord, Fernand TROCHEL son agent de liaison et Raymond LABROSSE.
Trois corvettes britanniques assurèrent les rotations vers la liberté : La MGB 503 ² (commandant Mike MARSHALL (5 fois), la MGB 502 commandant Peter WILLIAMS (2 fois), et la MTB 718 ³ - commandant Ron SEDDON (1 fois). Les services secrets britanniques qualifièrent ces actes de «Miracle Shelburn».
Et encore «le réseau d’évasion le plus efficace de la Deuxième Guerre mondiale».
Le plan « Bonaparte » à PLOUHA est, peut-être, la quintessence de l’action collective.
L’extrême discrétion, le secret absolu étaient les ingrédients nécessaires à la survie du réseau, les vrais héros sont toujours discrets, courageux, audacieux et …humbles.
La maison d’Alphonse fut détruite par les Allemands le 24 juillet 1944 vers 15 heures. Quelques jours plus tard, le grand Reich, qui devait durer 1000 ans, battait en retraite, s’essoufflait et s’effondrait petit à petit…jusqu’au suicide de son chef suprême le 30 avril 45.
*En breton, «l’incroyable histoire du réseau Shelburn, chemin de liberté »
1 Colis : Nom de code donné aux aviateurs
2 MGB pour Motor Gun Boat
3 MTB pour Motor Torpedo Boat
L’équipe de la phase d’embarquement : Marie Thérèse LE CALVEZ-Guiguite Le SAUX- Famille ROPERS-Marie et Jean GICQUEL-Germaine COUFFON- Famille MONJARET-Jean et Marie TREHIOU-Julie et Augustin LESNE- Jean et Marie PEN- François Le CAVORSIN-Jean AUFFRET- Adolphe LE TROCQUER-Francis BAUDET- François Le CORNEC-Pierre HUET -Léonie Le CALVEZ- Job MAINGUY-André Le BALC’H-Joseph HAMON- François JOSSE- Léon HARSCOUËT-Raoul PARENT-Eugène COURSON-Albert LeMARCHAND-François GELIN-Henri Le CARBONNIER-Louis MENGUY-Jean Le LIONNAIS- Gendarmes DAGORN et GARION-Marie Le SAUX-Jean François GOUARIN-François et Aline KERAMBRUN-Jean TRIFOL- Mathurin BRANCHOUX-Georges LE CUN- Abbé BOULBAIN- Anna GAUTIER-Denise ARTHUUR-Fernand TROCHEL-Jean-Marie LE SOMMIER- Louise et André CHARETON-Joseph et Marie Antoinette LANOE- Mr et Mme LAURENT-Yvonne LE FEUVRE-Joséphine GOURIO-Annaïs DIOURIS-Rosalie CARDINAL--Marguerite BAUCHAT …et tous les autres . . .
Après-guerre, Marie Thérèse LE CALVEZ déclarait : « Toutes ces personnes ont aidé à la victoire, que la Bretagne continue d’en être fière et que la France continue de s’en souvenir. »
Claude Bénech
Livre «L’incroyable histoire du réseau Selburn »
En effet, Monsieur Claude Bénech nous apporte un complément d’informations non négligeables et très intéressants surtout sur les identités de ces courageux plouhatins qui n’ont pas hésité à braver les Allemands et surtout à réussir toutes ces exfiltrations à leur barbe. Retenez bien tous ces noms restés trop longtemps dans l’ombre et qui grâce aux innombrables recherches et au temps qu’il y a passé, Monsieur Bénech a su remettre en lumière. Si la Résistance en Vercors, en Bourgogne Franche-Comté, en Morvan est plus portée à la connaissance de tous, il ne faut surtout pas négliger la résistance bretonne car elle a apporté un concours précieux au combat contre l’occupant et a fournie bon nombre de martyrs pour la libération de la France et outre ce réseau l’on peut citer celui de Saint Marcel dans le Morbihan (Landes de Lanvaux) par exemple.
Textes et illustrations & dessins : Claude Bénech.
Les plaques de chemins et de places ont été réalisées, mises en place par Claude Bénech.
Le recueil : «L’incroyable histoire du réseau Shelburn » aux éditions Coop-Breizh est l’œuvre de Claude Bénech et peut être acquit dans toutes les bonnes librairies ou sur commande auprès d’elles.
Réception de ces informations par Alain OCTAVIE et Yannick DEHAYES.
Mise en ligne par Yannick DEHAYES.
Quelques informations complémentaires ... La plage BONAPARTE
Pour relater l'actualité du 23 mai, la ville de Plouha recevait un vétéran de la WW2 : George MERZ.
Ce "G.I" de 19 ans débarque en Normandie en 44, participe à la libération de la Bretagne puis, reçoit l'ordre de rejoindre Bastogne où, à partir du 16 décembre 44, il participe à la bataille des Ardennes
(The battle of the Bulge). George MERZ (98 ans) reçu à Paimpol chez un ami, Christian GABRIEL, tenait à se joindre à l'hommage rendu au réseau SHELBUR qui sauva bon nombre de ses frères d'armes (Aviateurs USAF) en 44.
En pièces jointes, la photo du vétéran arrivant à la "maison d'Alphonse" et un petit récit qui relate le parcours de George.
Si vous le jugez utile, ce récit pourrait compléter l'histoire de Plouha (Plage Bonaparte).
(Avec autorisations pour le texte et la photo bien évidemment)
THE BATTLE OF THE BULGE¹
George MERZ, naît le 23 février 1925. Le 12 mai 1943, il s’engage dans L’US Army dans sa ville natale de Louisville (Kentucky) . Il quitte le port de Boston pour l’Angleterre le 25 février. Il suit une formation intensive et après quelques mois, débarque en Normandie lors de l’invasion de l’Europe par les alliés, il a 19 ans. George fait partie du 818th Military Police Co, VIII corps d’armée US. La progression de son unité se fait à travers la Bretagne jusqu’aux portes de Brest. Puis, cap à l’est. La prochaine étape est Bastogne. Il est alors hébergé chez Joseph et Ida LALLEMAND et leur fille Gabrielle² âgée de 18 ans qui habitent à GOUVY en Belgique de septembre à décembre 1944. Il ne se posa aucune question sur le patronyme de son hébergeur qui devint très vite son bienfaiteur. Il trouve un refuge paisible et bienveillant où il est considéré comme un membre de la famille. Il devient le «Grand frère» de la petite Gabrielle. Soudain, les évènements se déchaînent, le 16 décembre 44, c’est la contre-offensive allemande «Von Rundstedt». Les Allemands la nomme l’opération «WACHT Am RHEIN». La bataille des Ardennes vient de débuter, c’est le baroud d’honneur des nazis, le chant du cygne. George quitte Gouvy le 18 décembre 1944.
George raconte : «Dans un premier temps, j’étais chargé de débusquer les agents allemands parachutés derrière nos lignes qui, déguisés en GI et parlant parfaitement l’américain, étaient chargés de paralyser notre organisation. Plus tard, Je fus également chargé d’enquêter sur l’accident du général George PATTON qui décéda des suites de ses blessures en décembre 1945»
George MERZ est donc impliqué dans cette gigantesque bataille, la dernière que mena le troisième Reich. Tous les témoins s’accordent à dire que ce fut la plus grande bataille³ et la plus sanglante que livra le corps expéditionnaire US pendant la seconde guerre mondiale. Les experts estiment les pertes à plus de 19 000 tués, 21 000 disparus et 38 000 blessés côté américain ! En face, 280 000 allemands livrent leur ultime bataille avec leurs 1300 chars et probablement avec l’énergie… du désespoir.
De très mauvaises conditions météo accompagnent la contre-offensive allemande dans les Ardennes. L’épais brouillard givrant contrarie la suprématie aérienne des alliés et cloue les aéronefs au sol. La boue épaisse ralentie blindés et véhicules. Dès janvier 45, le froid intense et la neige font leur apparition. Le vent souffle du nord et éprouve les organismes. Les hommes sont au seuil de rupture. Il neige intensément pendant 15 jours, la nuit, la température descend à moins 20°C !. La météo s’améliore enfin et les alliés reprennent la main, c’est la débâcle nazie. George MERZ pénètre en Allemagne et participe à la libération du camp de concentration d’OHRDRUF (annexe de Buchenwald).
George est démobilisé le 25 janvier 1946.
De retour aux states, il retrouve sa chère LOUISVILLE et travaille pendant 40 ans dans l’industrie de l’aluminium chez «REYNOLDS»
Son séjour à GOUVY est ancré à jamais dans sa mémoire. Des liens sacrés se tissent avec le petit fils de Joseph et Ida LALLEMAND de GOUVY. «Je n’oublierai jamais toute la gentillesse et la générosité de Ida et Joseph ainsi que l’attention particulière qu’avait la petite Gabrielle à mon égard. Elle me préparait souvent une brique chaude enveloppée dans un journal pour passer la nuit». Clin d’œil de la vie, La «petite» Gabrielle se marie à un Mr GABRIEL. Le petit fils de Joseph et Ida est paimpolais : Christian GABRIEL qui réside au village de Lanvignec. Christian Gabriel accueille George MERZ à Paimpol, nul doute qu’ils évoqueront cette tranche de vie forte en émotions… 78 ans plus tard !
George MERZ est père de 7 enfants, de 12 petits-enfants. Une arrière-petite-fille se prénomme … GABRIELLA.
Texte de Claude Bénech avec les sources de Christian Gabriel.
1 Bataille du saillant (contre- offensive des Ardennes, appelée « The battle of the Bulge » par les Américains.
2 George l’appelle « Gabriella », prononciation américaine de Gabrielle.
3 Le D DAY, les forces américaines déplorent 6600 morts au combat.
A propos du souvenir …
Lorsque le fracas des armes s’est tu, viens le temps de la mémoire et de la reconnaissance.
La mémoire n’est pas une simple survie, c’est une des sources les plus féconde qui alimente l’avenir. Ce n’est pas par peur de l’avenir que nous nous tournons vers le passé mais, se souvenir c’est construire l’avenir et construire l’avenir est sans doute la meilleure façon de le prédire. CB
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