Liberty-Jeep History WW II
Liberty-Jeep History WW II

Dans le département du CALVADOS

Courseulles - Blason de la ville

 

COURSEULLES-sur-MER -

Vestiges, stèles et monuments …  

 

Cliquez sur les photos pour les agrandir et en voir la légende.

 

 

Courseulles 1er port allié

 

 

 

Juno Beach, plage du Débarquement de la 3ème Division Canadienne en Normandie est située entre Sword Beach à l’Est et Gold Beach à l’Ouest. Elle s’étend de Graye-sur-Mer via Courseulles-sur-Mer, Bernières-sur-Mer jusqu’à St-Aubin-sur-Mer. Courseulles est le premier port allié en Normandie, un panneau en atteste.

Nous n’allons pas ici faire un long cours d’histoire sur la période de juin 1944 (un lien figure à cet effet en fin d’article pour qui sera intéressé) mais plutôt nous attacher à vous présenter une visite virtuelle de ce petit port de pêche normand et de tous les vestiges, stèles, monuments et autres choses qui y figurent et  attirent bons nombres de visiteurs autres que les vacanciers juillettistes et aoûtiens venus pour bronzer sur le sable de cette charmante station balnéaire qu’est COURSEULLES- sur- Mer.

Ici, la majorité de la signalétique est basée sur le Centre Juno Beach trônant sur sa large esplanade en bordure de la plage ouest dite « plage sauvage » ou «Plage du Port de plaisance» à la limite de Graye sur mer. On y accède par la D514 (Rue de Ver), au départ du Quai ouest,  puis la Voie des Français Libres. C’est bien sur, depuis son ouverture, un des points de convergence des tours opérateurs qui sillonnent les alentours avoisinant la célèbre ville d’Arromanches et son musée ainsi que son port artificiel, du moins quelques caissons de ce qu’il en reste. Il y est largement présenté le Débarquement du 6 juin 1944 sur le secteur canadien mais aussi la vie au Canada, les liens qui unissent ce pays avec le notre et des messages de paix un peu en corrélation avec ceux du Mémorial de Caen. En complément des présentations permanentes, des expositions temporaires sont organisées chaque saison. L’accueil est fait par de jeunes bénévoles canadiens qui assurent également la vente des billets d’entrée, des  produits dérivés et souvenirs «militaires» présentés en boutique. L’architecture du bâtiment est bien spécifique et vue du ciel, sa couverture représente une feuille d’érable, emblème du Canada.

http://www.junobeach.org/fr/informations-pratiques/

 

Entre le Centre et la plage une vaste esplanade-promenade présente divers panneaux et bancs explicatifs au gré des allées qui la sillonnent.

 

 

Deux mâts se dressent fièrement,  l’un portant les couleurs de la France et l’autre celles du Canada, de part et d’autre d’une stèle mise en place par le Comité Juno Beach en hommage au sacrifice des marins de la Marine Royale Canadienne, inaugurée en juin 2009.

 

 

Dès la création du Parc Juno en 2004, le bunker, point d’appui important du dispositif allemand de fortification du port de Courseulles-sur-Mer, situé face au Centre a subit une revalorisation. Il s’agissait d’un ancien poste d’observation d’infanterie allemand du mur de l’Atlantique. En 1944, il était principalement équipé de matériels radio qui permettant aux opérateurs de communiquer avec les autres bunkers afin d’organiser la défense de la plage. Sur le toit, une mitrailleuse MG était installée et une cloche d’acier protégeait l’observateur qui y prenait place (elle fut démantelée et ferraillée à la fin des années 70). Ce bunker était un point d’appui important du dispositif allemand de fortification du port de Courseulles ainsi que les divers obstacles qui jonchaient la plage dont les deux tétraèdres en béton visibles sur la droite.

 

 

Deux canons ont également été mis en exposition sur cette dune de front de mer. Il s’agit d’un canon Bofors de 40mm (D.C.A) dédié à la mémoire des soldats du 4e Régiment d’artillerie antiaérienne légère venus défendre la plage dans l’après-midi du 6 juin 1944 en cas d’attaques éventuelles de la Luftwaffe sur les forces fraichement débarquées, et d’un canon antichars  «Ordnance QF 25 pounder» de l’artillerie royale canadienne.

 

 
Revenons vers le musée pour trouver une sculpture monumentale dénommée « Le Souvenir ranimé », inaugurée le 6 juin 2003, qui figure sur cette esplanade à droite de la porte d’entrée du Centre (suivez le lien ci-dessous) et tout  à côté l’Inuksuk, symbole de survie pour les Inuits du Canada, est un monument dédié aux morts du 6 juin de la 7e brigade canadienne.
 

 

https://www.junobeach.org/fr/remembrance-and-renewal-2/

 

https://translate.google.com/translate?hl=fr&sl=en&u=https://en.wikipedia.org

 

/wiki/7th_Canadian_Infantry_Brigade&prev=search

 

A gauche, le « mur du souvenir » formé de plusieurs piliers en forme de vasques sur lesquels sont collés des plaques commémoratives aux noms de vétérans, d’associations, d’écoles, de régiments, de soldats, etc …

Chacun peut, contre une somme définie, apporter la plaque qui lui tient à cœur à la seule condition qu’elle soit en symbiose avec la déontologie du lieu et des évènements qui s’y sont passés.

 

Courseulles - stèle de la 'Voie du Souvenir'

 

 

 

Au sein de la végétation de la platebande, côté parking, émerge la petite stèle de la « Voie de la Liberté » inaugurée à l’initiative du «Comité Juno Canada Normandie» et qui indique le début du chemin de la Liberté empruntée par nos libérateurs canadiens sur le continent européen.

 

Rendons nous maintenant sur la plage en empruntant la sortie principale située entre les dunes et bordée de grandes plaques couleur rouille arborant des silhouettes de défenseurs allemands qui firent face aux troupes «débarquantes».  A leurs extrémités, la forme rappelle la proue d’un chaland de débarquement mais, imagination aidante et bizarre des concepteurs, elle est tournée vers la mer et non vers l’intérieur des terres comme pour mettre en contradiction le bon sens des visiteurs non sensibles à la conception de l’art et  de la mise en scène de « l’artiste » !!! Chacun appréciera suivant sa sensibilité s’il il y avait, dans cette évocation pour le moins troublante, une possibilité annoncée de réembarquement en cas d’échec.

 

Graye-sur-Mer - Panneau explicatif à la Brèche

 

Restons sur cette portion de plage mais en direction de Graye-sur-mer dite «plage de la Brèche» qui est signalée par un panneau explicatif rapportant le nom des dignités du moment qui ont foulé ce rivage. Non, ne vous y trompez pas, pas parmi les troupes du 6 juin 1944 et sous le feu de l’ennemi mais après, en relative sécurité, noblesse oblige !

 En front de mer, sur le sable de la plage est posé le Monument commémoratif aux Forces Alliées, commun aux différentes plages du Débarquement et reproduit, de ce fait, à l’identique en différents points de la cote.  

Graye-sur-Mer - Monument commémoratif aux forces alliées

 

L’on peut distinguer, sur la dune, une lignée de drapeaux de la France Libre qui indiquent l’emplacement du débarquement, le 14 juin 1944, du Général De Gaulle qui se rendit à Bayeux, ville épargnée par les bombardements. A cet endroit a été érigée une immense Croix de Lorraine dans la droite ligne de l’esprit gaulliste, emblème  que l’on peut  retrouver en divers endroits de notre territoire et entre autre à Colombey-les-deux-Eglises et  Rueil-Malmaison (Place Besche).

 

Plaque 50ème anniversaire pour la construction du pont 'Nottingham Bridge' sur la Seulles

 

 

 

 

Au-dessus de la Seulles, sur l’épave du Char Avre, fut construit un pont, le Nottingham Bridge, par la 85 Cie des Royal Engineers britanniques pour permettre le passage des troupes.  Une plaque a été apposée pour le 50ème anniversaire.

 

 

Sur le parking, Espace Bill Dunn*, à l’entrée duquel est exposé le Char Churchill AVRE – One Charlie – du 26th Assault Squadron Royal Engineers appartenant à la 79th Armoured Division, exhumé en novembre 1976 de la gangue de vase où il se trouvait et devenu mémorial le 15 octobre 1977, une stèle est également apposée en hommage à la 1ère Division blindée polonaise du Général Stanislaw MACZEK qui se distinguera particulièrement au Montormel. 

 

http://www.memorial-montormel.org/

 

* Bill Dunn était le pilote conducteur du char «One Charlie» dont les cendres ont été dispersées en ce lieu suivant sa volonté.

 

Une stèle est apposée à sa mémoire.

 

 

Courseulles-sur-Mer, comme son nom l’indique, est traversée par la rivière Seulles dont l’embouchure se jette dans la Manche à la sortie du port dont le chenal sépare les deux plages ; celle dont nous venons de parler et la «Grande plage», à l’est, s’étalant jusqu’à Bernières-sur-Mer pour ce qui est de la commune limitrophe mais en fait sans discontinuer jusqu’à Ouistreham et l’embouchure de l’Orne.

 

 

Là aussi, la richesse des vestiges et des monuments est remarquable.

Au départ du Quai Est puis du Quai des Alliés, nous arrivons sur la Place du 6 juin coupée par l’Avenue de la Combattante, aménagée en parking et où se trouvait la gare SNCF.

A la pointe nord, près de la Maison de la mer et faisant face à l’embouchure et prenant en enfilade l’entrée du chenal, un canon antichars allemand K.W.K 39 de 50mm (voir photo du panneau explicatif) trône encore face à la mer. Il porte les stigmates du combat qu’il a dû affronter.

Un peu en retrait de lui se trouve le monument aux Libérateurs faisant mention de la venue du Général de Gaulle le 14 juin 1944 avant sa visite de Bayeux.

 

 

Sur un terre-plein central a été scellé un char «Sherman M4A4 DD (*1)» ou «Duplex Drive Tank» nommé Bold / Audacieux,  faisant partie des «Hobart’Funnies (*2)» et récupéré au large après son naufrage, par M. Jacques Lemonchois en 1971 avant de rejoindre cet endroit d’exposition. Un grand panneau planté tout près fournie aux visiteurs quelques explications assez succinctes.

 

(*1) : Le char DD (Duplex Drive Tank, en raison de son double mode de propulsion) était un char amphibie Sherman M4 capable de flotter grâce à une jupe imperméable en caoutchouc abaissable et de se mouvoir au moyen de deux hélices jusqu’à la terre ferme après avoir été lancé d'une barge de débarquement (Landing craft tank, LCT) au large de la plage. Les chars de ce type ont été prévus pour donner l'appui aux premières vagues de l'infanterie qui ont attaqué les plages.

 

(*2) : Les Hobart's Funnies étaient un petit groupe de chars de combat spécialement modifiés par la 79e division blindée britannique et des spécialistes des Royal Engineers lors de la Seconde Guerre mondiale. Ils doivent leur nom au major-général Percy Hobart (1885-1957), ingénieur militaire et commandant de la 79e division et à leur « drôle » (funny) d'aspect.

 

De nombreuses plaques de régiments canadiens sont apposées sur les côtés du char, en voici quelques unes :

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Hobart%27s_Funnies

 

http://the.shadock.free.fr/Tanks_in_France/sherman_courseulles/index.html

 

Toujours sur cette place, dans la continuité des nombreux restaurants et à l’entrée de l’avenue de la Combattante, figure une stèle en hommage à ce navire torpilleur ayant participé à l’opération de Débarquement «Overlord» (voir photo de la plaque explicative) et qui eut l’honneur d’embarquer le général de Gaulle à Portsmouth pour le conduire à Grayes-sur-mer et coulé en Mer du Nord  le 23 février 1945. Près de la stèle, complémentairement au panneau explicatif est apposée la liste de l’équipage mort pour la France.

 

 

Sur le mur bordant la plage, une première borne comportant 3 plaques de bronze : une à la mémoire des hommes du «First Canadian Scottish Regiment» - D.Day, 6 june 1944, une seconde de la Fédération des Volontaires Belges (fédérationem Voluntarii Belgae) et une troisième difficile à déchiffrer désormais (victime des outrages du temps de bord de mer = il faut retravailler la photo) en l’honneur des combattants du Canada : « A la mémoire des hommes des 8th Battalion The Royal Scots, 6th Battalion The Royal Scots Fusiliers, 6th (Border) battalion, The Kings Own Scottish Borderers débarqués les 13 et 14 juin 1944, unités des 44th lowland brigade de la 15th Scottish Division et de leur 3504 victimes. 

 

Un peu plus loin, une stèle avec une plaque à la mémoire des 458 officiers et hommes du Regina Rifle Regiment  qui sont tombés de 1939 à 1945 (nous devrions dire de 1944 à 1945 !!!), une seconde, plus petite, pour les XXIInd Dragoons Flail Tanks, une troisième (nouvelle) qui remplace l’ancienne en bronze bien fatiguée, en l’honneur des hommes des 961 et 966 Inland Waterways Transportation (IWT)Companies of the Royal Engineers du Water Transportation Corps.

Nous restons sur la promenade du bord de mer mais de l’autre côté pour trouver un imposant glaive planté dans une grosse dalle de granit dédié au Royal Winnipeg Rifles et comportant plusieurs plaques commémoratives dont voici le détail :

Nous nous dirigeons désormais vers le cimetière communal situé à la sortie sud de la ville en bordure de la route de Caen (D12). Nous y trouvons la sépulture de Léo GARIEPY (1912 – 1972) qui a débarqué le 6 juin 1944 sur Juno Beach et qui à la fin de la guerre avait choisi de revenir s’installer à Courseulles et d’y finir ses jours. Fait citoyen d’honneur de la ville, il avait souhaité y être inhumé. Cette requête avait été acceptée à l’unanimité générale des Ediles et des habitants reconnaissants.

Une plaque est apposée sur le mur en tête de tombe.

Une autre a attirée notre attention mais après des recherches restées vaines, je lance ici un appel ; s’agit-il également d’un vétéran canadien ? : Major Malcolm David MARSH (1922 – 2009). Si vous possédez la réponse, n’hésitez pas à nous contacter sur notre site en nous laissant un message dans l’espace réservé à cet effet en fin d’article. (Site protégé et sans spam).

Il serait dommage, pour finir, de ne pas citer le cimetière Canadien de Beny - Reviers situé sur cette même route, quelques kilomètres plus loin, à droite, en direction de Bény et indiqué par un panneau vert du Commonwealth War Grave. (War Grave Cemetery) où reposent les soldats canadiens tombés dans le secteur.

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Cimeti%C3%A8re_militaire_canadien_de_B%C3%A9ny-sur-Mer

 

https://liberationroute.fr/france/spots/b/beny-sur-mer-canadian-war-cemetery

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Juno_Beach

 

Texte : Alain OCTAVIE

Photos : Alain OCTAVIE & Yannick DEHAYES

Mise en page et en ligne : Yannick DEHAYES

 

 

Falaise, une ville sous les bombes …

 

Il s’est tenu, à l’été 2016, une exposition sous forme de panneaux illustrés, dans l’enceinte de l’église de la Trinité à Falaise située près du château de Guillaume le Conquérant et du nouveau musée «Mémorial des civils dans la guerre».

 

Visitée par nos soins, cette exposition se devait de trouver un écho sur notre site en hommage à ceux qui l’ont présentée mais aussi et surtout à tous ces normands qui ont du subir cette période tragique d’intenses bombardements qui ont précédé ou suivi le débarquement des Alliés sur leurs côtes.

 

Evidemment, tous n’est pas repris ici, mais nous nous attachons à faire figurer les textes les plus représentatifs afin de donner une vue d’ensemble de cette démarche historique auprès des visiteurs. Par contre, les textes sont repris sans changement aucun, peut-être pas dans l’ordre de leur situation géographiques dans l’édifice, mais dans leur intégralité par rapport aux panneaux photographiés.

 

Le commandement suprême allié du Débarquement.

De gauche à droite : lieutenant général Omar Bradley (USA), commandant en chef de la 1st US Army – amiral Sir Bertram H. Ramsey (GB), commandant en chef des forces navales alliées – maréchal de l’air Sir Arthur W Tedder (GB), commandant suprême adjoint des forces alliées – Général Dwight D. Eisenhower (USA), commandant suprême des forces alliées – maréchal Sir Bernard Montgomery (GB), commandant des forces terrestres alliées – maréchal de l’air, Sit Trafford Leigh-Mallory (GB), commandant des forces aériennes alliées – lieutenant général Walter Bedell Smith (USA), chef de cabinet du général Eisenhower. 

 

Le fallait –il vraiment ?

 

Dans le souci de retarder le plus possible le mouvement de renforts allemands, la théorie militaire du Transportation Plan (destruction systématique des principaux centres ferroviaires) est conçue par Solly Zuckerman, spécialiste dans le civil du comportement des singes, devenu en 1943, conseiller de l’Air Marshall, Sir Arthur Tedder, alors commandant des forces aériennes alliées en Méditerranée.

 

Adjoint du général Eisnhower pour Overlord, Tedder fait partager à son chef, le commandant suprême des forces alliées, l’idée d’une destruction systématique dans un rayon de 240 km de tous les nœuds ferroviaires autour des plages avant le Débarquement. Pour « Ike », le principe directeur d’Overlord devient « basé sur la supposition que notre puissance aérienne écrasante sera utilisée pour préparer la voie à l’assaut ».

 

Mais dès janvier 1944, le concept stratégique du Transportation Plan évolue. En effet, Leigh-Mallory (commandant des forces aériennes alliées pour Overlord) après consultation de Montgomery, estime qu’il faut aussi aplanir «flatten out», les centres importants de communication routière comme Caen, Saint-Lô, Carentan, Lisieux mais aussi Falaise, de préférence par des attaques de nuit la veille du Débarquement.

Montgomery y voit un élément clé de son dispositif sans quoi d’importantes formations ennemies risquent d’atteindre les zones du Débarquement en moins de 24 heures. Après d’importants débats, Churchill fixe l’objectif de ne pas dépasser le nombre de 10 000 victimes civiles françaises. Le bilan sera nettement plus lourd.   

 

L’église de la Trinité à Falaise.

 

 

 

 

Panneau extérieur : l’église Sainte-Trinité, façade sud. Les Bombardements ont obstrué l’écoulement du Marescot. Un plan d’eau s’est formé dans lequel l’église se réverbère.

 

 

 

Panneau extérieur : Venant de la place Belle-Croix, civils au milieu des ruines de la rue Trinité. Au fond, l’église de la Sainte-Trinité en partie détruite.





Panneau extérieur : Vue du sud-est, l’église Sainte-Trinité avant les bombardements allemands de la nuit du 17 au 18 août 1944 qui entraineront l’effondrement du chœur et du clocher.

 

 

A Falaise, à l’heure du bilan, après la fin de la Bataille de Normandie, la situation est apocalyptique. En 1939, la ville comptait 1637 maisons d’habitation. En 1945, il n’y en a que 412 habitées, dont 257 endommagées. 950 maisons ont été totalement détruites. 1 807 immeubles sur 1 803 ont aussi disparu. Seuls 15 commerces sur les 510 locaux avant guerre sont en service.

 

Les bâtiments publics ont aussi été détruits ou fortement endommagés. Le collège dans l’enceinte du château n’est plus, idem pour le Palais de Justice. Cinq écoles sont touchées, voire totalement détruites comme l’école Saint-Jean. L’église Saint-Gervais n’a plus de flèche, la Trinité a été ravagée par l’incendie du 17-18 août 1944 et Notre-Dame de Guibray la plus épargnée a tout de même perdu une partie de sa structure et son parvis. Quant au château, hormis quelques impacts, il a encore survécu aux aléas de l’histoire.

 

Ailleurs dans le Pays de Falaise, si Potigny a échappé aux destructions massives, les villes de Soumont-Saint-Quentin, Fontaine-le-Pin, et Pont d’Ouilly sont très largement détruites.

 

Vue aérienne de Falaise après les bombardements de la Bataille de Normandie.

 

 

Les 6, 7, 10, 12 et 14 juin 1944, les bombardiers lourds du Bomber Command larguent leurs bombes sur Falaise. Ici, bombardement aérien du 14 août 1944 au-dessus de village de Soumont-Saint-Quentin, à 10 km au nord de Falaise.

 

 

Le Pays de Falaise est particulièrement touché par les bombardements et combats des deux mois et demi de la Bataille de Normandie. Ici, l’ancienne église de Fontaine-le-Pin.

 

 

 

Ferme de la famille Chatel aux Moutiers-en-Auge, juillet 1944.

 

Les bombardements aériens alliés des 6, 7, 10, 12 et 14 juin ainsi que les tirs d’artillerie canadiens des combats du mois d’août 1944, entraînent la mort de 185 personnes. Le nombre de blessés est impossible à établir. Pour les survivants, le choc psychologique est majeur. Eugène Gérault, de Soulangy, est présent à Falaise le samedi 10 juin 1944, quand vers 17 heures un bombardement à basse altitude de l’axe Nord-Sud de la ville atteint la rue Clémenceau, les rues adjacentes ainsi que la gare. Il témoigne ainsi :

  • «Malgré les bombardements, il y avait encore des gens à Falaise. Leur parler ? Impossible, Ils étaient comme fous, couraient dans tous les sens, criaient à la recherche de parents. Le plus dur, c’était de l’admettre ; se dire c’est comme cela, pas autrement ! Après ce nouveau bombardement, on a renoncé à déblayer. Nous n’avions plus que nos mains. En quittant Falaise, j’ai entendu des gens hurler, coincés au fond de leur cave. Nous ne pouvions rien faire. Ça m’a énormément choqué. Beaucoup y sont morts de faim, d’épuisement».
Déblaiement et secours après les bombardements

 

 

Peu avant le Débarquement les Alliés larguent des tracts afin d’inciter les habitants notamment de Falaise à quitter leur ville pour se réfugier dans la campagne. Malheureusement le largage est incorrect, les tracts n’atteignent pas la cité et les Falaisiens ignorent que le destin va les frapper.



Après le 7 juin les Falaisiens se réfugient dans la campagne environnante pour éviter d’avoir à subir d’autres bombardements.

 



                                 

                                                 Réfugié au milieu des ruines de Falaise.




La Trinité après sa destruction partielle

 

 

 

        Comme l’église Trinité, l’église Saint-Gervais a également subi de très importants      dommages. Ici le chœur en flammes.

 

Dans la nuit du 17 au 18 août 1944, un groupe d’avions allemands lance des bombes incendiaires sur le quartier de la place Guillaume où stationnent des camions canadiens. Plus de 300 réfugiés sont abrités à la Trinité et vivent cette nuit apocalyptique. Claude et Jean Viale sont de ce groupe avec leurs parents :

  • «Les avions allemands ont commencé à bombarder. La toiture, le clocher et le chœur ont été touchés. Personne n’a rien eu puisque que nous étions massés devant l’entrée, figés par la peur, comme tétanisés. Alors qu’un Canadien bloquait la porte, Jean et moi regardions les bombes incendiaires tomber sur les pavés. Nous avions peur mais on ne pouvait s’empêcher de trouver joli ce feu d’artifice ! A la fin du bombardement, les Canadiens ont ouvert la porte en nous conseillant de fuir par la rue Trinité. C’était le sauf-qui-peut. Mon père nous a mis mon petit frère dans les bras en nous disant de filer vers Caen. On a détalé comme des lapins au milieu des gravats et des incendies, pendant des kilomètres.»
Figés par la peur.
Soldat-infirmier canadien soignant des enfants légèrement blessés

 

Le retour de la sous-préfecture :

 

La sous-préfecture de Falaise fut l’une des 109 sous-préfectures supprimées par le décret-loi Poincaré du 10 septembre 1926. Elle était installée depuis 1841 dans un hôtel particulier de la rue Amiral Courbet qui n’a pas résisté aux bombes de 1944.

 

Imaginée pendant l’Occupation par le gouvernement de Vichy pour gérer au plus près les questions de ravitaillement et de réquisition, la réouverture de la sous-préfecture est effective après le Débarquement et pendant les trois mois de la Bataille de Normandie ;  le maire de Potigny, Paul Barbot est nommé sous-préfet à titre provisoire. Vaille que vaille, sans locaux ni moyens, l’entité administrative tente de répondre aux besoins immenses des sinistrés.

 

A la Libération les élus réclament du Gouvernement Provisoire le maintien de l’arrondissement et le retour d’une administration de proximité. Il faut attendre le décret du 23 juillet 1945 pour qu’un sous-préfet soit enfin nommé. L’intéressé, monsieur Jaquet, a pour mission «d'administrer  les cantons sinistrés des environs de Falaise». Il ne s’agit pas, cependant, d’une sous-préfecture de plein exercice mais d’une délégation de la préfecture du département. L’administration est logée au château de la Fresnaye, le sous-préfet est hébergé au château du Tertre, à cinq kilomètres, où il succède à un hôpital provisoire allemand. La mission du fonctionnaire se termine en 1946. Il reste célèbre, car d’origine suisse, il a permis le parrainage de la cité détruite par la riante ville de Nyon sur les bords du Léman. Les portes de la sous-préfecture se referment alors définitivement.

 

 

Ancienne sous-préfecture détruite lors des bombardements
La sous-préfecture provisoire au château de la Fresnaye
Lettre du sous-préfet au Délégué à la reconstruction pour aider une sinistrée

 

La Nation reconnaissante :

 

Avec ses 20 000 civils morts, ses villages en ruines, ses cités dévastées et son économie anéantie, la Normandie a payé le prix fort pour sa libération et celle de la France. En signe de reconnaissance, la Nation décide d’attribuer en 1948, la Croix de guerre à 14 communes du Pays de Falaise. Falaise se voit aussi simultanément décerner la Légion d’honneur. A l’heure actuelle, seules 45 villes françaises bénéficient de cette double décoration.

 

Liste des communes du Pays de Falaise titulaires de la Croix de guerre 1939-1945 :

 

BONS-TASSILLY, FALAISE, FONTAINE-LE-PIN, LES ISLES BARDEL, MAIZIERES, LE MESNIL VILLEMENT, MORTEAUX COULIBOEUF, OUILLY LE TYESSON, PONT D’OUILLY, ROUVRES, SAINT PIERRE DU BU, SOUMONT SAINT QUENTIN, USSY, VICQUES.

 

La Nation Reconnaissante – Falaise et ses ruines
Les Armoiries de Falaise avec la légion d’honneur et la Croix de guerre.

 

Maire de Falaise de 1947 à 1959, Maurice Nicolas a énormément œuvré à la reconstruction après guerre. Il a obtenu, avec le concours de la Mairie du IXe arrondissement de Paris et son maire Paul Galland, les fonds nécessaires pour dédommager les sinistrés et financer la reconstruction de la ville. Il a également fait en sorte que Falaise soit décorée de la Légion d’honneur. 

 

Le Liberty-Ship «Falaise».

 

Les Liberty-Ships sont des navires standards, construits en série aux Etats-Unis pendant la seconde guerre mondiale pour transporter le matériel de guerre allié. Ils ont largement contribué à la victoire et permis ensuite de reconstituer les flottes de commerce européennes détruites pendant le conflit.

 

Lancé en février 1944 à Richmond (Californie) le cargo CARL G. BARTH est un des 75 Liberty-Ships acquis par la France auprès des Etats-Unis à la suite des accords Blum-Byrnes de 1946. Il reçoit le nom de la cité normande martyre en janvier 1947 lorsqu’il est confié en gérance à la Compagnie Générale transatlantique ; il rejoint Le Havre par Shangani et Saigon. L’armateur l’exploite sur ses lignes pendant deux ans jusqu’en juin 1948 quand il est rétrocédé aux Messageries Maritimes.

 

Sous le pavillon rouge et blanc, il dessert pendant douze ans les lignes d’Extrême-Orient, des Indes ou de l’Océan Indien. Après un dernier voyage à Papeete début 1960, il est rendu à l’Etat et confié à la société Fraimer qui l’utilise au tramping international. Il est finalement désarmé au Havre fin juin 1962 et ferraillé à El Ferrol (Espagne) en 1964. 

 

Le «Falaise», un des 2 710 Liberty-Ships construits aux Etats-Unis pendant la seconde guerre mondiale
De conception très fonctionnelle, le navire a été construit en quelques jours à base d’éléments préfabriqués et soudés
Le vaillant navire a porté le nom de la cité de Guillaume sur toutes les mers du globe
Longueur 134,50m, largeur 17,30m, 10 000t, vitesse 1 nœuds. Le «Falaise» est photographié ici à Marseille

 

Recherche et texte : Alain OCTAVIE

Mise en page : Yannick DEHAYES