Liberty-Jeep History WW II
Liberty-Jeep History WW II

Dans le département de l'EURE

Blason - Ville de Bourgtheroulde-Infreville (Eure)

 

Bourgtheroulde et les Canadiens

 

Ce nom vous dit peut-être quelque chose ? Oui, surement car notre Président de la République y est passé lors d’une discussion organisée dans le cadre du « Grand Débat ». Ah, cela vous revient !

 

Peut-être n’auriez vous jamais eu l’idée de connaitre cette page d’histoire et bien, rassurez vous, moi non plus, si je n’avais pas été attiré par le nom un peu étrange de cette commune que j’avais pourtant déjà lu sur des panneaux indicateurs en empruntant, avec nos convois, la route de la Normandie lors des allers-retours pour les commémorations du Débarquement. 

 

Bourgtheroulde-Infreville est une ancienne commune française, située dans le nord du département de l'Eure en région Normandie, devenue le 1er janvier 2016 une commune déléguée au sein de la commune nouvelle de Grand-Bourgtheroulde.

 

6 juin 1944 - les forces alliées débarquent en Normandie.

 

La 2nd division canadienne libère Bourgthéroulde-Infreville le 26 août après que les hommes du régiment Black Watch of Canada surmontent une forte opposition d’un canon anti-char positionné au centre ville épaulé par des tireurs embusqués difficiles à déloger. Le général Simonds avait ordonné, le 22 août, d’avancer en direction de cette localité pour atteindre Elbeuf.  Par des actions de guérilla retardatrices de groupes d’arrière-garde,  l’ennemi couvrait la retraite générale précipitée vers la Seine qu’il fallait traverser à tout prix après le désastre de Chambois-Trun et le fameux couloir de la mort

 

Conséquences d'un combat entre Allemands et Canadiens à Le Neufbourg près de Bourgtheroulde

 

 

 

 

Cette résistance était assurée, le 25 août, par la 331e division d’infanterie allemande, sous le commandement du 81e corps d’armée commandée par le colonel Walter Steinmuller sur une ligne située à l’ouest de la ville. 

 

Le 26 août, la 5th brigade d’infanterie canadienne* est traversée par la 6th*, commandée par le brigadier F.A Clift, qui combattait alors sur le secteur gauche du front de la 2nd Division et qui reçut l’ordre de traverser Bourgtheroulde pour nettoyer la forêt de La Londe ouvrant la route d’Elbeuf.

 

Lors de la libération de la commune, 28 Canadiens sont perdus, soit tués directement au combat soit des suites de leurs blessures dans les jours suivants. Douze sont alors inhumés dans la cour de l’habitation de M. Verrier (route de Rouen) alors que les seize autres le sont sur les divers lieux où sont trouvés leurs corps.

Le 27 au matin, la brigade quitte la ville en direction du nord-est et seuls les hommes du Fusiliers Mont-Royal prennent la route plein est avec la 4th Brigade pour libérer Elbeuf.

 

* 5ème Brigade d’infanterie canadienne est composée des régiments suivants :

 

 - Black Watch (Royal Highland Regiment) of Canada, The Calgary Highlanders,, Régiment de Maisonneuve, 5th Infantry Brigade Ground Defense Platoon (Lorne Scots).

 

* 6ème Brigade d’infanterie canadienne est composée des régiments suivants :

 

- Queen’s Own Cameron Highlanders of Canada, The South Saskatchewan Regiment, Fusiliers Mont-Royal, 6th Infantry Brigade Ground Defense platoon (Lorne Scots).

 

Nous empruntons à partir d’ici des extraits de témoignages ou des dates relatant des faits relatés sur le site cité ci-après :

 

http://www.blog-city.info/fr/theroulde.php?Page=2

 

- SOURCE : Histoire officielle de la participation de l'armée canadienne à la seconde guerre mondiale – Volume III – La campagne de la victoire – Les opérations dans le nord-ouest de l'Europe 1944/1945 – par le Colonel C.P. Stacey – Cartes établies par le major C.C.J. Bond – Publié d'ordre du Ministre de la Défense Nationale – Imprimeur de la Reine et Contrôleur de la papeterie - Ottawa 1960.

 

 

*** *** *** ***

 

Témoignages de MM. Robert et Jacques DANNETOT

 

 

«  - A l'aube du 26 août 1944, le régiment Hohenstaufen occupe le front : Bourgtheroulde, Bosc Roger en Roumois, Elbeuf.

 

 

Bourgtheroule-Infreville, 1944, 2 chars allemands SPG 'Jagdpanther' dans les rues de la ville

 

 

 

 

«  - A l'aube du 26 août 1944, le régiment Hohenstaufen occupe le front : Bourgtheroulde, Bosc Roger en Roumois, Elbeuf.

 

 

 

 

Les Canadiens arrivent, repérés par les Allemands qui se trouvent dans le château Keller. Le combat s'engage. Les résistants sont présents dans le bourg.
Albert Hachette est tué par un éclat d'obus devant la maison de M. Lhôpiteau (55 route de Brionne). Mon père, qui se battait à ses côtés, est blessé. Réfugié dans les sous-sols de la maison voisine, il est transporté par une ambulance canadienne vers un hôpital de Caen. Deux Canadiens sont tués en face de l'hôtel du Cheval Noir.
Un commando de deux cents Canadiens est bloqué au Bois Givard. Des combats à l'arme blanche ont lieu devant l'actuelle entreprise Zolli (Route de Rouen). Les Allemands reprennent la moitié du bourg. Un canon allemand est dissimulé dans la longère (maison normande) route du Neubourg. Des rafales d'obus sont tirées vers seize heures. Nous avons compté environ cent obus en dix minutes.
Notre mère est blessée, projetée par la déflagration. Elle est soignée par les Canadiens. Il y en a une centaine dans la cour, armés de mitrailleuses.
Un Allemand se rend, un autre demande à un jeune d'environ dix-sept de le faire prisonnier.
Le 27 août, un Allemand, blessé aux jambes, dissimulé dans une tranchée route de Montfort, tire et tue plusieurs Canadiens. Il est abattu.
Pendant la bataille un bébé vient au monde. La mère est assistée par trois docteurs : un Allemand, un Canadien et un Français».

 

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 Témoignage de M. PIMONT

 


«  - J'avais sept ans à la libération…

 

Les combats pour libérer Bourgtheroulde ont duré plusieurs jours. Il y a eu des batailles de chars. Installé dans le clocher, un Allemand dirigeait le tir de ses compatriotes. Il a été délogé par des Canadiens et exécuté hors de l'église. Vingt fantassins canadiens environ ont été tués.


Nous étions à l'abri dans une tranchée, relativement confortable, qui se trouvait dans un terrain situé route du Neubourg à l'embranchement de la rue de Bosnormand. Nous étions sept personnes à profiter de ce refuge : mes grands-parents, ma mère, mes deux sœurs, M. et Mme Depierre et moi.


Dans la propriété où se trouvait la tranchée, il y avait des chars canadiens qui tiraient des obus. Pendant une accalmie, un jeune homme est venu nous dire que nous pouvions sortir sans danger. Très contents car nous étions engourdis nous avons quitté la tranchée. Cinq minutes plus tard, les obus tombaient à nouveau. Nous avons été plaqués au sol devant la maison par les soldats canadiens et avons retrouvé la tranchée un par un. Ce sauvetage a été accompli avec précision, les soldats minutant chaque évacuation avec leurs montres, entre deux tirs. Nous étions sains et saufs. Un canadien m'a donné des bonbons pour me réconforter. J'en avais perdu le goût…


Le curé de Bourgtheroulde a fait sonner les cloches de l'église à la Libération. Les Canadiens nous ont inondés de nourriture. L'intendance se trouvait au château de Bosbénard-Commin. Les gosses du village faisaient des tours de jeep offerts par les Canadiens.


Nous faisions la queue pour obtenir du pain chez les deux boulangers. Nous le recevions en échange de tickets. Il était gris. Les Canadiens nous ont donné du pain blanc. Il y a eu des distributions de gâteaux vitaminés et de lait ».

 

11 novembre 1944 - L'anniversaire de l'Armistice est célébré par une cérémonie qui comprend un service religieux et une manifestation sur les tombes des soldats français et canadiens.

4/5 juin 1945 - Les corps sont relevés et enterrés dans le cimetière de guerre canadien de Bretteville sur Laize (Cintheaux) dans le Calvados, entre Caen et Falaise.

 

8 juin 1945 - Proposition pour qu'une plaque soit apposée sur le Monument aux Morts à la mémoire des Canadiens tués à Bourgtheroulde le 26 août 1944 (La partie supérieure de ce monument a disparu lors de la bataille de chars).

 

Août 1947 - Le maire de Saint Ouen du Tilleul demande aux conseillers municipaux d'assister à l'inauguration du monument élevé à la mémoire des canadiens morts les 25, 26 et 27 août 1944.

 

Novembre 2003 - Le Monument aux Morts est dégradé. Trois drapeaux sont volés. L'Association ACANAMI offre le drapeau canadien.

 

2004 - la commune fête le soixantième anniversaire de sa libération par les Canadiens.

 

Il est proposé de nommer le rond-point de la route de Brionne : Rond-point des Canadiens. Cette dénomination sera symbolisée par un monument. L'aménagement sera effectué en concertation avec l'ambassade du Canada et l'Association ACANAMI. 

 

 

 

 

 

 

Un monument est aussi élevé sur la route de Brionne à Bourgtheroulde.

 

RELEVÉS :

 

« Commonwealth War Graves Commission » - Royaume Uni - Lettre du 14 mars 2005 : Inhumations des soldats précédemment enterrés à Bourgtheroulde-Infreville, à Bretteville Sur Laize (Cintheaux) -  Canadian War Cemetery – Calvados (14) – France :

 
- Cameron John Alexander – capitaine – 33 ans – 4 Field Regiment Canadian Artillerie – de Toronto, Ontario - 26 août


- Chervek Louis Emil - soldat - 19 ans – Queen's Own Cameron Highlanders of Canada – de Régina, Saskatchewan – 29 août.


- Dupuis Raoul – soldat - 33 ans – Les Fusiliers Mont-Royal - de Montréal, province du Québec – 27 août.


- Fancher Kenneth Orval – soldat - 37 ans - Black Watch ( Royal Highland Regiment) of Canada – de Toronto, Ontario – 26 août.


- Ford Clarence Walter – caporal chef – 31 ans – South Saskatchewan Regiment – de Bon Accord, Alberta – 29 août.


- Fraser Norman Edward – soldat - 21 ans – Black Watch (Royal Highland Regiment) of Canada – de Penetanguishene, Ontario – 26 août


- Gallant Harold Wilfred – sergent - 20 ans – Essex Scottish Regiment – de Summerside, Prince Edward Island – 26 août.


- Gauthier Edward Wilfrid – soldat - 25 ans – Black Watch (Royal Highland Regiment) of Canada – de Montréal, province du Québec – 26 août


- Guerin Cecil Francis – soldat - 23 ans – Black Watch (Royal Highland Régiment) of Canada – de Peterborough, Ontario – 26 août.


- Heckman Peter – soldat - 20 ans – Essex Scottish Regiment – de Sandwich, Ontario – 26 août


- Hill George Leonard – soldat - 29 ans – Essex Scottish regiment – de Cainsville, Ontario – 26 août


- Hourd Earl – caporal chef – 20 ans – South Saskatchewan Regiment – de Bender, Saskatchewan – 29 août.


- Lowe Leslie – soldat - 21 ans – Black Watch (Royal Highland Regiment) of Canada – de Moser's River, Halifax Co., New Scotia – 26 août.


- Macallar John A. – soldat - âge non indiqué – de Brae, Prince Edward Island – 26 août.


- Morby Donald Bain – soldat - 21 ans – Black Watch (Royal Highland regiment) of Canada – de Creemore, Ontario – 26 août.


- McNab Roy Angus – capitaine – 31 ans – Black Watch (Royal Highland Regiment) of Canada – de Renfrew, Ontario – 26 août.


- Parks Roland F. – caporal chef – 32 ans – Royal Regiment of Canada – d'Hamilton, Ontario – 26 août.


- Price Donald Elmer – soldat – 22 ans – Essex Scottish Regiment – de Jeffries Corner, King's co., New Brunswick – 26 août.


- Sampson James John Joseph – soldat – 25 ans – Black Watch (Royal Highland Regiment) of Canada – de Toronto, Ontario – 26 août.


- Starrat Harold F. – soldat – 25 ans – Black Watch (Royal Highland Regiment) of Canada – de Stawiacke, Colchester Co., Nova Scotia – 26 août.


- Storr Cecil Charles – capitaine – âge non indiqué - 2 Anti-Tank Regiment Royal Canadian Artillery – lieu d'origine non mentionné – 26 août.

 

- Storry Clifford H. – sapeur – âge non indiqué - 7 Field Coy. Royal Canadian Engineers – lieu d'origine non mentionné – 26 août.


- Swailes Stewart – caporal – 29 ans - Black Watch (Royal Highland Regiment) of Canada – de Montréal, Province du Québec – 26 août.


- Thompson James – soldat – âge non indiqué - Queen's Own Cameron Highlanders of Canada – lieu d'origine non mentionné – 28 août.


- Thompson William A. – soldat - 20 ans – Black Watch (Royal Highland Regiment) of Canada – de Sylvan, Manitoba – 26 août.


- Vick William George Alfred – soldat – 23 ans – Queen's Own Cameron Highlanders of Canada – de Winnipeg, Manitoba – 29 août.


- Westberg Carl – soldat – 37 ans – Queen's Own Cameron Higlanders of Canada – de Bergland, Ontario – 29 août.


- White Fred L. – soldat – 21 ans – Royal Regiment of Canada – de Saint-John, New Brunswick – 26 août.

 

 

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Emblème du 400 Squadron

 

 

Pilote Canadien à Épinay

 

Tout d’abord, situer Épinay semble nécessaire ; village du département de l’Eure (27) en région Normandie, il est englobé désormais, depuis le 1er janvier 2016, dans la commune nouvelle de Mesnil-en-Ouche qui en compte seize : Épinay donc mais aussi Granchain, Saint-Aubin-le-Guilchard, Jonquerets-de-Livet, Ste-Marguerite-en-Ouche, Beaumesnil, Gourdères, Landepéreuse, Saint-Aubin-des-Hayes, Thevray, Ajou, La Roussière, Saint-Pierre-du-Mesnil, Cisay-la-Couzire, La-Barre-en-Ouche et Bosc-Renoult-en-Ouche au sud de Bernay.

 

Lt Pilot Officer CLARKE

 

Robert William CLARKE

 

Né le 15 février 1922 à Ottawa (Ontario – Canada), fils de Thomas, Noël et de Winifred, Annie CLARKE.

 

Il alla à l’école primaire de 1927 à 1934, puis au lycée au Glebe Collegiate Institute de septembre 1934 à décembre 1936. Il poursuivit à Thunder Bay au Riverdale Collegiate Institute de janvier 1937 à décembre 1939 puis revint au Glebe C.I à partir de mars 1940 jusqu’à juin 1941. Très sportif, il s’est adonné au Hockey, au football américain, au basket-ball, à la gymnastique, à la nation et à l’athlétisme. Il aimait également la musique et avait apprit à jouer de la trompette.

 

Durant les vacances scolaires, il travaillait comme groom dans l’hôtel de son père.

 

R.W CLARKE rencontre la guerre …

 

Dès la fin de ses études, le 25 avril 1941, il s’enrôle dans l’Aviation Royale du Canada (Royal Canadian Air Force) à Ottawa,  sous le matricule J/12318 dans le 400 Squadron basé à Borden (environ 80 km au nord de Toronto) près de la ville d’Angus, il est alors âgé de 19 ans et ne possède aucune formation de pilotage. Robert William CLARKE choisit l’armée de l’Air car cela correspond à son sens de l’aventure, à ses compétences et à son courage. Deux mois plus tard, après une rude formation au Cap de la Madeleine, il reçoit le grade de Lieutenant Pilot Officer (Officier pilote). Il rejoint alors un centre d’entrainement opérationnel à Saguenay (Québec). Le 19 juin, il est envoyé à Moncton et termine sa formation à Halifax. Il estime que son devoir est désormais de participer à l’effort de guerre. Il rejoint l’Angleterre début 1942 où il est basé, avec son escadron sur la côte sud du pays.

 

Il pilote simultanément un P51 Mustang ou un Spitfire. Ses principales missions consistent à intercepter des convois de ravitaillement ennemis qui naviguent dans le Channel.

 

Le 2 juin 1943, il est annoncé disparu lors d’une mission aérienne sur la région Cabourg-Lisieux.

 

En fait, lors du mitraillage de l’aérodrome de Bernay, son Mustang est touché lors d’un duel aérien avec un Messerschmitt 109 et s’écrase sur un chêne dans un petit bois au lieu-dit « La Butte du Moulin » à Épinay. Il est tué sur le coup sans avoir pu, auparavant, sauter en parachute. Le corps est transporté et déposé à la mairie sous la responsabilité de M. André Gibourdel, maire de l’époque.

 

Il est inhumé, avec l’autorisation des Allemands, dans le cimetière communal  où cinq à six cents personnes assistent aux obsèques.

 

Une commémoration du souvenir a eu lieu le 15 novembre 2014 et il fut déposé une plaque reprenant ces mots :

 

«  Robert William Clarke a donné sa vie pour la liberté et pour la paix en Europe.

Les habitants d’Epinay éternellement reconnaissants. »

 

 

http://www.p40warhawk.com/WW2_Era/Photos/ChrisClarke/FredClarke/FredClarke.htm

 

https://translate.google.fr/translate?hl=fr&sl=en&u=http://www.p40warhawk.com/WW2_Era/Photos/ChrisClarke/FredClarke/FredClarke.htm&prev=search

 

Trois autres avions se sont écrasés sur le territoire de la commune d’Epinay dont un au lieu-dit «La Livrée » ; Un B-17 Fortress – type F-45-DL sérial 42-3300 WA*F américain (http://francecrashes39-45.net

/page_fiche_av.php?id=2586), un Potez 63 –type 63-11 sérial 384 C-883 français  

(http://francecrashes39-45.net/page_fiche_av.php?id=4604) et un P-38 Lightning – type J-10-LO sérial 42-67527 américain (http://francecrashes39-45.net/page_fiche_av.php?id=6273) . Une plaque figure sur le mur de la mairie,  mais ceci est une autre histoire.

 

http://aviation-safety.net/wikibase/wiki.php?id=52445

 

Alain OCTAVIE

Photos : Régis BIAUX

Mise en ligne : Yannick DEHAYES